Voilà 400 ans que le chocolat est arrivé en France (1615) et on aura attendu plus de 150 années pour que débutent les premières tentatives de mise en culture des cacaoyers à La Réunion. L’histoire de ces tentatives est liée à celle de La Compagnie des Indes sur fond de rivalités entre les gouverneurs des Mascareignes et de Pondichery. Les débuts de la culture des cacaoyers sur l’île furent une succession de tentatives avortées et d’histoires rocambolesques dont les acteurs principaux se nomment Pierre Poivre et Joseph Hubert. Le premier dans ses allers et retours aux Moluques, le second dans ses plantations au Boudoir et à Bras Mussard .
La chronologie des événements est la suivante :
1755 Première tentative

1759 Deuxième tentative
Cossigny remet à Aublet des plants venant du jardin Oulgaret à Pondichéry (cacaoyers venus auparavant de Manille). Cette fois Aublet convaincu d’avoir ébouillanté les précédents les entretient mais à Maurice … probablement sans faire suivre à Bourbon.
1772 Enfin, un début …
Premier témoignage d’une culture de cacaoyer selon Bory de Saint Vincent : la seule cacaoterie bien tenue et productive (ailleurs, écrit-il, il ne s’agit que d’arbres d’agrément sans réelle production) qu’il observe sur la propriété de Joseph Hubert au Boudoir.
– 6 décembre 1777 Joseph Hubert plante à Saint-Benoît des cacaoyers qui lui sont venus de l’île de France.
-1807 Suite aux grandes avalasses et aux terribles sautes de vent (l’idée qu’il puisse s’agir de tourbillons géants ne sera émise que par Joseph Hubert dans une lettre en 1818 sur le ton de la plaisanterie puis reprise plus sérieusement et établie par Bridet en 1860 à l’occasion d’un nouveau désastre climatique) Joseph Hubert se désole d’avoir perdu la totalité de ses girofliers (et très certainement les cacaoyers).
On en déduit que, fort probablement, le développement des cacaoyers à Bourbon (alias île de La Réunion) a été souvent contrarié et cyclique.
– contrarié initialement par les rivalités humaines et l’usage de l’eau bouillante
– puis par les désastres climatiques qui ne cesseront de se succéder (et la fragilité de la plante, voire la méconnaissance de l’environnement dont elle a besoin : voisinage de plantes et arbustes protecteurs)
– l’emprise de cultures jugées plus rentables : thé, café, giroflier, canne à sucre
– les contraintes économiques et l’environnement social
ce qui fait que
1842 : on recense 23 hectares de culture de cacaoyer (contre 5070 en caféiers, 2 225 en girofliers, 18 575 en maïs, 4 701 en manioc).
1848 : les troubles liés à l’abolition de l’esclavage portent un mauvais coup aux plantations.
1858 : année de formidables coups de vent (on dira bientôt « tourbillons » puis cyclones) durant laquelle on assista à la destruction probable des cultures en place.
1860 nouveau cataclysme climatique majeur
1886 le journal le Progrès de l’île témoigne de la volonté de diversifier les cultures et relancer celle du cacaoyer « qui pourrait être plus productive que d’agrément ».

1900 Une chocolaterie ou fabrique de Chocolat Le Meilleur a vu le jour au bas de La Rivière à Saint-Denis. Elle appartient à Villers de L’Isle Adam puis à Jean Chatel. Elle compte une dizaine d’ouvriers.
La « fabrique » de chocolat Le Meilleur disparaît en 1946 à cause de la concurrence de la production industrielle.
2015 Relance de la culture du cacao en agroforesterie par l’Association CACAO Péi